Dans ce test et avis de la Nike ZoomX Ultrafly Trail, nous découvrons le tout dernier modèle de trail running haute performance de Nike. Annoncée comme une chaussure de trail rapide et innovante, l’Ultrafly Trail promet de transposer la magie des chaussures de route Vaporfly sur les sentiers. C’est en effet la première chaussure de trail Nike à intégrer la mousse ZoomX et une plaque carbone, le tout associé à une semelle externe Vibram Megagrip pour une adhérence sans faille. Cette « super chaussure » de trail ultra dynamique a même raflé 2 des 3 places du podium lors du Western States 100 en 2023, un ultra-trail mythique réputé roulant. La promesse est donc alléchante : vitesse, amorti maximal et accroche sur tous les terrains. Mais tient-elle ses promesses en conditions réelles ? Décortiquons ensemble ses caractéristiques, ses performances sur le terrain technique, et comparons-la à ses rivales pour voir si l’Ultrafly Trail mérite sa place parmi les meilleures chaussures de trail rapides du moment.
Caractéristiques principales de la Nike ZoomX Ultrafly Trail
Avant d’entrer dans le vif du test terrain, présentons les caractéristiques clés de cette Ultrafly Trail, véritable concentré de technologie pour le trail running :
- Mousse ZoomX et plaque carbone : Semelle intermédiaire en mousse Pebax ZoomX sur toute la longueur, offrant un amorti ultra-léger et un retour d’énergie exceptionnel. Elle intègre une plaque carbone (technologie Flyplate) sur toute la longueur, plus flexible que celle des modèles route pour s’adapter au terrain. Cette plaque agit comme un levier de propulsion et sert aussi de pare-pierres pour protéger le pied des chocs.
- Semelle extérieure Vibram Megagrip : Nike a fait appel à Vibram pour équiper l’Ultrafly d’une semelle externe exclusive. La gomme Megagrip Litebase est ultra-adhérente et 30% plus légère qu’une semelle classique, avec des crampons d’environ 4 mm en motif chevron. Ce profil assure une excellente traction en montée comme en descente, y compris sur terrain mouillé. C’est une première chez Nike Trail, qui souffrait par le passé de semelles peu efficaces sur sol humide.
- Stabilité et géométrie : Malgré sa hauteur de semelle importante (stack 38,5 mm au talon, 30 mm à l’avant), la chaussure reste étonnamment stable. La base est élargie (plateforme large au sol) et le rocker est modéré, ce qui élargit la surface d’appui et limite le risque de cheville qui vrille. Nike a opté pour un profil quasi plat latéralement (peu de cross rocker) pour maximiser la stabilité sur sentier. La plaque rigidifie l’ensemble et participe aussi à la stabilité de la foulée.
- Poids et drop : Avec environ 300 g sur la balance en pointure 44 (US 10) pour les hommes, l’Ultrafly Trail affiche un poids contenu au vu de l’amorti embarqué. Elle se situe dans la moyenne haute des chaussures de trail, un peu plus lourde que certaines concurrentes directes plus minimalistes. Le drop est de 8,5 mm (talon plus haut que l’avant de 8,5 mm), un drop intermédiaire convenant à la plupart des coureurs et cohérent avec un usage ultra (pour ménager le tendon d’Achille sur la durée).
- Tige et fit : La tige est en Vaporweave, un mesh technique très fin, léger et résistant à l’eau (utilisé sur la Vaporfly route). Elle offre une excellente respirabilité et sèche vite. Le chaussant est relativement large à l’avant-pied – un fait notable pour Nike qui taille souvent étroit. L’Ultrafly Trail est plus ample que d’habitude, spécialement au niveau de la toe box, ce qui laisse de la place aux orteils pour s’étaler. Les coureurs aux pieds larges apprécieront, et cela anticipe le gonflement des pieds sur ultra-distance. En longueur, la pointure taille standard (ni trop grand ni trop petit). On note la présence d’un pare-pierres minimaliste et de renforts imprimés pour protéger le mesh sans l’alourdir.
- Protection et durabilité : Pour améliorer la durée de vie malgré la mousse exposée, Nike a enveloppé la semelle intermédiaire ZoomX d’un tissu type Cordura sur tout le pourtour. Ce “wrap” évite à la mousse de se faire rogner par les cailloux et la boue, et contient un peu son expansion. L’Ultrafly Trail utilise par ailleurs des matériaux résistants aux abrasions sur les flancs et le talon pour encaisser les sentiers techniques. L’ensemble respire la qualité et vise un usage intensif en trail.
- Prix : Affichée à 260 € à sa sortie (été 2023), c’est l’une des chaussures de trail les plus onéreuses du marché. Nike la positionne clairement sur le segment élite et compétition, au niveau des modèles trail les plus technologiques de la concurrence. Il s’agit donc d’un investissement conséquent, que l’on espère justifié par un gain de performance notable.
Avec ces spécifications en tête, passons aux performances sur le terrain. Comment l’Ultrafly se comporte-t-elle en action, sur différents types de sentiers du plus roulant au plus technique ?
Performances en trail : vitesse, amorti et sensations sur le terrain
Dès les premières foulées, la Nike ZoomX Ultrafly Trail impressionne par son dynamisme. On ressent immédiatement l’ADN des chaussures de route Vaporfly/Alphafly dans ce modèle trail : le combo mousse ZoomX + plaque carbone procure une sensation de rebond et de propulsion vers l’avant très marquée. Sur le plat et les sentiers peu techniques, l’Ultrafly donne l’impression de flotter au-dessus du sol tout en maintenant une excellente accroche. La foulée est fluide grâce au léger effet rocker (bascule talon-orteils) et à la rigidité de la semelle qui réstitue l’énergie à chaque pas. En phase de relance sur les chemins roulants, c’est un régal : la chaussure incite à augmenter l’allure, comme si elle demandait à être exploitée à vive allure. Certains testeurs n’hésitent pas à parler d’une Vaporfly du trail tant l’efficacité sur terrain roulant est au rendez-vous.
Cushioning (amorti) : l’épaisse semelle ZoomX absorbe les chocs avec brio. Sur les longues distances, ce moelleux est précieux pour préserver les jambes. Après plusieurs heures, on sent nettement moins de fatigue musculaire qu’avec des chaussures plus fermes. Malgré cette souplesse sous le pied, la stabilité reste bonne – nous y reviendrons – ce qui permet de profiter de l’amorti sans appréhension. La mousse est très douce à faible vitesse mais se raffermit un peu quand on accélère, offrant un équilibre confortable en endurance et performant quand on hausse le rythme. En ultra-trail, notamment sur 80 km et plus, cette capacité à combiner amorti confort et réponse dynamique est un atout majeur.
Traction et adhérence : le pari de Nike de passer sur du Vibram Megagrip porte ses fruits. L’adhérence est excellente sur quasiment tous les terrains. Sur sol sec, rocheux ou terre dure, la semelle accroche comme du velcro. Mais c’est surtout sur les surfaces difficiles que l’on apprécie la différence : finies, les frayeurs des anciennes Nike sur rochers humides ou racines glissantes. Lors de notre test, l’Ultrafly est restée collée au sol même en passant sur des dalles mouillées et des racines humides, sans décrocher. Les crampons de 4 mm, peu profonds, ne prédestinent pas ce modèle aux bourbiers profonds, mais étonnamment la semelle se défend bien dans la boue modérée. Sur terrains meubles (sable, boue peu épaisse), la large surface empêche la chaussure de s’enfoncer excessivement et offre une traction suffisante. En descente, l’accroche est tout aussi impressionnante : les crampons en chevrons inversés au talon mordent le sol et procurent un freinage efficace dans les pentes raides. Cette confiance en descente permet de lâcher les freins et de descendre à bonne vitesse en toute assurance.
Stabilité et tenue : pour une chaussure aussi haute sur pattes, l’Ultrafly surprend par sa stabilité globale. La large empreinte au sol et la rigidité de la semelle créent une plateforme rassurante. Sur les portions roulantes et même en descente rapide, on se sent sûr de son appui, sans avoir l’impression de tanguer malgré la hauteur. Un testeur iRunFar note d’ailleurs n’avoir ressenti aucune tendance aux chevilles qui se plient ou aux glissades sur terrains en dévers, grâce à la base évasée et au bon équilibre de la chaussure. Le maintien du pied est correct : le mesh Vaporweave tient bien le coup de pied et le laçage classique (pas de Quicklace ici) permet un ajustement précis. Néanmoins, comme on le verra, le verrouillage du talon pourrait être meilleur dans certaines situations extrêmes.
Confort : lors de notre essai, nous avons également apprécié le confort général de l’Ultrafly Trail. Le chaussant ample à l’avant laisse le pied vivre, évitant frottements et ampoules sur les ultra-trails. La languette est fine et matelassée juste ce qu’il faut, protégeant le dessus du pied de la pression des lacets. Le mesh est si léger et aéré qu’on oublie la chaussure, même par temps chaud : la respirabilité est excellente, les pieds restent plutôt au frais et au sec. À noter que cette tige minimaliste laisse entrer poussière et sable fin (comme souvent avec les mesh très ouverts), un point à considérer pour les sentiers très sablonneux ou désertiques. Globalement, porter l’Ultrafly sur de longues heures ne pose pas de problème : pas de point dur, pas de compression gênante, et la rigidité de la semelle ne provoque pas de douleur plantaire particulière, y compris en marchant. C’est assez remarquable pour une chaussure à plaque carbone, souvent raide, mais ici Nike a bien dosé le flex et l’amorti.
En somme, sur des sentiers variés mais sans excès de technicité, la Nike Ultrafly Trail offre des sensations de vitesse et de sécurité rarement combinées à ce niveau. Elle excelle sur les portions rapides, roulantes, et les descentes pas trop techniques, où son amorti + traction permettent d’aller vite en confiance. Mais qu’en est-il lorsque le terrain se complexifie vraiment, avec de la caillasse, des pentes sévères et des appuis tordus ? C’est là que l’analyse du comportement de la plaque carbone entre en jeu.
Plaque carbone : quel impact sur les sentiers techniques ?
L’ajout d’une plaque carbone dans une chaussure de trail suscite forcément des questions chez les traileurs habitués aux terrains techniques. Atout ou handicap en montagne ? Voici ce qu’il faut retenir de l’impact de la plaque Flyplate de l’Ultrafly Trail sur les sentiers techniques et accidentés.
D’abord, il faut saluer le travail de Nike qui a développé une plaque spécialement pensée pour le trail, plus flexible et tolérante que celles de ses chaussures route. Sur des pentes modérées (10-15% de dénivelé), en montée comme en descente, la plaque joue bien son rôle: elle stocke l’énergie et la redéploie pour vous aider à grimper plus vite, comme une catapulte sous le pied. On sent un vrai coup de pouce dans les côtes modérées où l’on peut maintenir une foulée dynamique sans subir la rigidité. Tant que l’on arrive à courir et à garder du rythme, la plaque apporte un gain d’efficacité. Sur ce genre de sentiers vallonnés, la Ultrafly est idéalement adaptée aux successions de côtes et descentes roulantes.
En revanche, plus la pente s’accentue et plus la vitesse de progression diminue, plus les limites de la plaque se font sentir. Sur des montées très raides où l’on finit en marche rapide, voire en pas de randonnée, la semelle très rigide peut gêner la flexion naturelle du pied. On a du mal à casser la chaussure au niveau des orteils dans le raide, ce qui peut conduire à un manque de grip de la pointe sur des appuis précaires. De plus, plusieurs testeurs ont relevé un problème de maintien du talon dans ces conditions : l’arrière du pied a tendance à légèrement décoller à chaque pas en forte montée, même avec un laçage serré, car la plaque rigide empêche la semelle de bien épouser la pente. En clair, la chaussure “banane” un peu sur les pentes très raides et le talon ne reste pas parfaitement calé. Un coureur de Trail&Kale a dû recourir à un laçage type runner’s loop pour améliorer le heel lock, avec une amélioration partielle seulement. Ce petit manque de tenue du talon, combiné à la rigidité, rend les ascensions franches moins naturelles qu’avec une chaussure souple. Cela n’empêche pas de monter, mais on se bat un peu contre la chaussure au lieu qu’elle s’adapte parfaitement au terrain.
Sur les sections très techniques – par exemple un pierrier instable, un éboulis, des racines en enfilade – l’Ultrafly montre aussi ses limites. Sa largeur et sa structure rigide procurent une stabilité globale, mais manquent de précision pour danser entre les cailloux serrés. Là où une chaussure plus étroite et flexible va se faufiler et épouser les reliefs, l’Ultrafly peut donner une sensation de flottement ou d’appuis moins précis. Sur un champ de rochers denses, il est plus difficile de placer précisément le pied, et on peut taper la semelle ou trébucher là où une chaussure agile passerait. L’Ultrafly n’est pas le premier choix pour les terrains techniques exigeant des poses de pied très précises, notamment les parcours alpins type Pyrénées ou Alpes. Sa construction ne permet pas la même agilité qu’un modèle léger de skyrunning.
En descente technique, le constat est mitigé : sur du technique modéré, la chaussure reste sûre grâce à son accroche Vibram et sa stabilité, donc on peut descendre assez vite tant que le sol n’est pas trop accidenté. En revanche, sur du très cassant (grosses marches, blocs, devers rocheux), la plaque rigide transmet davantage les chocs directs au pied qu’une semelle souple ne le ferait, et on peut ressentir un manque de finesse dans le toucher de sol. Il faut alors faire un peu plus attention à son pied, malgré l’amorti épais.
En résumé, la plaque carbone en trail est un couteau à double tranchant : elle booste la performance tant qu’on reste sur des portions roulantes ou modérément techniques, mais peut devenir encombrante quand le terrain impose de la souplesse et de la précision. Nike a plutôt bien réussi son coup en rendant la plaque de l’Ultrafly utilisable sur la plupart des sentiers (même quelques sections techniques passent sans encombre si on modère l’allure), mais il ne faut pas s’attendre à un miracle : dans les pierriers et les murs à gravir, une chaussure traditionnelle garde l’avantage de la mobilité. L’Ultrafly Trail donne son plein potentiel sur des ultras nature rapides et peu techniques, ou les portions roulantes d’un parcours montagneux, mais sur un kilomètre vertical ou un parcours engagé elle montrera rapidement ses limites. À chacun de voir en fonction du terrain d’entraînement ou de course : sur du trail technique, cette chaussure à plaque carbone apporte un plus limité, voire devient un facteur limitant, alors que sur du trail roulant, elle fait des merveilles.
Points forts / points faibles de la Nike Ultrafly Trail
Points forts :
- Amorti exceptionnel et dynamique – La combinaison ZoomX + plaque offre un amorti ultra-coussiné tout en restant hyper dynamique. On profite d’un grand confort sur longue distance sans sacrifier la vitesse de course.
- Rapidité sur terrains roulants – Sur le plat, les faux-plats et les descentes peu techniques, l’Ultrafly brille par sa vitesse. Elle excelle pour maintenir une allure élevée et des chronos serrés sur trail, procurant une sensation de “voler” au-dessus du sol.
- Excellent grip tous terrains – La semelle Vibram Megagrip remplit son rôle à la perfection. Adhérence au top sur rochers humides, racines, terre, boue modérée, etc.. On peut aborder sereinement des portions délicates sans crainte de glissade intempestive.
- Stabilité rassurante – Malgré la hauteur de semelle, la large plateforme et la géométrie travaillée offrent une stabilité étonnamment bonne. Peu de risque de cheville qui vrille même en terrain irrégulier, l’appui reste sûr et équilibré.
- Confort longue distance – Tige respirante, intérieur bien conçu, toe-box spacieuse : on évite les points chauds et on peut porter la chaussure pendant des heures sans douleur. Idéale pour l’ultra-trail, où le pied enfle et où le confort est crucial.
- Protection – Entre l’épaisse semelle (qui isole des cailloux), la plaque carbone faisant office de pare-pierres, et le renfort en tissu autour de la mousse, l’Ultrafly protège le pied et la chaussure elle-même des agressions du terrain. On ose aller vite sur cailloux sans craindre de se blesser ou d’abîmer le matériel.
- Innovation Nike aboutie – Ce modèle marque un tournant pour Nike Trail, avec l’introduction de technologies attendues (ZoomX, Vibram, plaque carbone). C’est globalement une réussite qui place Nike au niveau des meilleurs sur le segment compétition trail, et c’est encourageant pour l’avenir.
Points faibles :
- Tarif très élevé – C’est l’évidence, son prix de lancement (~260€) en fait un investissement difficile à avaler. Peu de coureurs mettront ce prix sauf à rechercher la performance maximale.
- Efficacité limitée en terrain très technique – Sur les sentiers très techniques ou les montées extrêmement raides, la rigidité de la plaque devient un handicap. L’Ultrafly perd alors de sa superbe là où des modèles plus flexibles passent mieux. Elle est moins polyvalente que certains concurrents sur ce point.
- Maintien du talon perfectible – Lié au point précédent, le verrouillage du talon n’est pas infaillible. Sur fortes pentes, on peut ressentir un léger décrochage du talon si le laçage n’est pas ultra-serré, ce qui entame la confiance. Un point à améliorer pour la prochaine version.
- Poids un peu élevé – Bien que raisonnable vu l’amorti, ~300 g reste plus lourd que d’autres chaussures de trail “carbon” (Hoka Tecton X ~250 g, Saucony Edge ~270 g). Nike a privilégié la durabilité et la stabilité, mais cela se paye en grammes. Les coureurs très attentifs au poids pourraient le reprocher sur le papier, même si en pratique le dynamisme compense en partie.
- Usage spécifique – Ce n’est pas une chaussure polyvalente pour tous les jours. Son terrain de jeu, c’est la compétition ou les sorties rapides. À allure lente ou pour randonner, elle n’apportera pas grand-chose de plus qu’une chaussure classique, et son amorti très épais peut même sembler “too much” en sentier tranquille.
- Largeur du fit – Si c’est un avantage pour beaucoup, certains coureurs aux pieds fins pourraient trouver la toe-box trop large, nécessitant de bien bloquer le pied avec les lacets. Attention également aux terrains sablonneux qui peuvent entrer dans le mesh très ouvert.
- Esthétique salissante – Détail cosmétique, mais le coloris blanc majoritaire du lancement se salit vite (et le tissu entourant la semelle accroche la boue). Un point sans impact sur la performance, mais à savoir pour les maniaques de la propreté.
Chaque coureur pondérera ces points selon ses priorités. Malgré ses faiblesses, il faut garder en tête que l’Ultrafly Trail est une première génération audacieuse, qui réussit beaucoup de choses et ne trébuche que dans des cas d’usage très spécifiques.
Mon avis : pour quel coureur et quel usage ?
À qui s’adresse la Nike ZoomX Ultrafly Trail ? À l’évidence, ce n’est pas une chaussure de trail pour débuter, ni pour simplement randonner le week-end. Elle vise un public de coureurs exigeants, capable d’en tirer parti, et évoluant sur des terrains adéquats.
D’après notre test, l’Ultrafly Trail est idéale pour un coureur de trail expérimenté à la recherche de performance. Si vous êtes un trailer qui aime aller vite, qui participe à des trails longue distance (50 km, 80 km, 100 km) plutôt roulants ou moyennement techniques, cette chaussure a été conçue pour vous. Elle vous permettra de courir plus facilement à haute intensité sur la durée, grâce à son amorti préservant les jambes et sa plaque qui soutien le rythme.
Pour un ultra-trail type Western States, Ultra Trail Australia, ou tout parcours avec des sentiers majoritairement roulants et du dénivelé modéré, l’Ultrafly offrira un avantage certain. Sur un 100 km peu technique, elle peut faire gagner de précieuses minutes et surtout économiser de l’énergie pour la fin de course. Des athlètes l’ont d’ailleurs portée sur ces formats avec succès. Sur des distances au-delà (100 miles), elle a aussi sa place aux pieds des élites, bien que l’on manque encore de recul sur l’usure de la mousse ZoomX sur des ultras extrêmes (plus de 20h d’effort). Néanmoins, sa présence sur des podiums d’ultras de 100 miles en 2023 tend à prouver qu’elle tient la distance.
En revanche, si votre terrain de jeu favori ce sont les pentes escarpées, les pierriers des Alpes, les skyraces techniques, ce modèle n’est sans doute pas le plus adapté. Un coureur d’élite très technique pourra s’en sortir avec, mais le commun des mortels sera plus en confiance avec une paire plus souple et accrocheuse dans ces conditions. L’Ultrafly convient pour l’ultra-trail montagneux uniquement si le parcours n’est pas trop technique. Par exemple, sur l’UTMB (très montagneux), elle pourrait être à l’aise sur certaines sections roulantes, mais montrer ses limites dans les pierriers de la descente de l’UTMB ou les passages très techniques (où une Zegama ou Salomon Ultra Glide seraient plus sûres). À l’inverse, sur une TDS ou CCC avec beaucoup de technique, ce ne serait pas le premier choix à moins d’avoir une maîtrise parfaite.
Pour les coureurs moins rapides ou intermédiaires, l’Ultrafly Trail peut sembler exagérée. Son intérêt principal – la propulsion carbone – ne se révèle qu’à allure soutenue. Si vous courez tranquillement, la plaque ne vous apportera que de la rigidité inutile. De plus, son amorti très épais peut même gêner le contact avec le sol pour ceux qui préfèrent sentir le terrain. Ainsi, je la recommande plutôt à des coureurs ayant déjà l’habitude de chaussures dynamiques, voire de modèles route à plaque, qui veulent transposer cette sensation de vitesse sur leurs trails.
En termes de gabarit, la chaussure supporte bien les coureurs plus lourds grâce à son amorti costaud (un trailer de 80-85 kg pourra l’apprécier sur ultra, là où des modèles plus fins l’auraient trop secoué). Les coureurs plus légers y trouveront aussi leur compte avec un amorti “pilote automatique” sur les longues distances. Le drop de 8,5 mm est assez universel, convenant aux talonneurs modérés comme aux médio-pieds. Justement, si vous êtes plutôt talonneur, l’Ultrafly peut aider à diminuer la fatigue du tendon d’Achille sur la durée, comparé à une chaussure drop 4 mm. À l’inverse, si vous êtes un pur avant-pied, la chaussure reste dynamique mais son drop pourrait vous sembler un peu haut (on s’y fait toutefois rapidement).
En résumé, l’Ultrafly Trail s’adresse surtout à : coureurs compétitifs ou amateurs éclairés, cherchant une chaussure de trail avec plaque carbone pour gagner en vitesse sur des courses ou sorties longues pas trop techniques. Elle est faite pour envoyer du lourd sur des profils roulants, pour battre des records personnels sur des ultras rapides, ou pour ceux qui adorent simplement courir avec les dernières innovations aux pieds. Elle s’exprime pleinement sur les terrains type sentiers forestiers, chemins de crête peu techniques, pistes monotraces lisses, avec du dénivelé modéré. Elle peut convenir pour des distances marathon trail jusqu’à 100 km (voire 100 miles pour les plus aguerris), en offrant confort et performance.
Si vous n’entrez pas dans cette catégorie (par exemple si vous préparez un trail très technique, ou si vous privilégiez le confort à la performance, ou si votre budget est serré), d’autres options seront probablement plus judicieuses – on en parle en conclusion ci-dessous.
Conclusion : Faut-il l’acheter ? (+ alternatives)
Avec la ZoomX Ultrafly Trail, Nike signe une entrée remarquée dans l’ère des “super chaussures” de trail. L’essai est globalement transformé : oui, on peut désormais bénéficier de l’amorti miracle du ZoomX et d’une plaque carbone en pleine nature, et ressentir un gain de performance tangible sur les sentiers adaptés. L’Ultrafly Trail offre une expérience de course grisante par sa rapidité et son amorti hors norme, là où beaucoup de chaussures de trail vous brident ou vous malmènent sur la distance. Nike a réussi à transposer la recette route sur trail en contournant en partie les pièges (stabilité travaillée, ajout du Vibram pour l’accroche). Ce modèle va sans doute pousser d’autres fabricants à redoubler d’efforts dans la course à l’innovation trail.
Pour autant, est-ce un choix incontournable ? Pas pour tout le monde. Son prix la réserve à ceux qui en ont vraiment l’utilité. Et ses limites en font une chaussure de niche, ultra-performante certes, mais pas universelle. Si votre pratique correspond exactement à son domaine d’excellence, l’investissement peut se justifier – vous aurez alors l’une des chaussures de trail les plus avancées technologiquement, capable de vous faire gagner du temps et de la fraîcheur sur vos courses. En revanche, si vous cherchez un modèle polyvalent pour varier les terrains et les allures, ou si vous courez essentiellement sur du technique, d’autres modèles vous satisferont davantage pour moins cher.
Alternatives chez Nike :
- Nike ZoomX Zegama 2 : La cousine ultra-trail. Avec son gros amorti ZoomX (sans plaque) et sa semelle Vibram, elle sera plus appropriée pour les terrains très techniques et les ultras montagneux. Moins rapide mais plus stable quand ça grimpe fort, et bien plus abordable.
- Nike Pegasus Trail 5 : La polyvalente entraînement. Si vous voulez une chaussure confortable pour vos sorties quotidiennes, qui puisse faire un peu de route et de chemin, la Pegasus Trail est un choix sûr. Elle n’a pas les performances de l’Ultrafly, mais pour un usage loisir et entraînement, elle est largement suffisante et bien plus économique.
- (À noter : Nike propose aussi la Terra Kiger pour les distances plus courtes et techniques, et la Wildhorse pour l’ultra endurance avec plus de protection. Ces modèles plus classiques n’offrent pas la propulsion de l’Ultrafly, mais peuvent être des alternatives dans la rotation de vos chaussures selon les terrains.)
Alternatives dans d’autres marques :
- Hoka Tecton X 3 / X 2 : L’équivalent le plus proche. Plaque carbone (double) + mousse légère + semelle Vibram, la Tecton X est une rivale directe orientée performance sur terrains roulants, avec un poids plume. Elle offre moins de moelleux sous le pied que la Nike, mais plus de légèreté. Et son prix (~200€) est plus doux. Si vous hésitez entre les deux, c’est généralement le profil du terrain et votre préférence en terme de “feeling” de semelle qui feront la différence.
- Saucony Endorphin Edge : La vision de Saucony de la chaussure trail rapide. Mousse PWRRUN PB (PEBAX) très légère et dynamique, plaque Carbitex en carbone tissé (courbure adaptable), poids ~280g. L’Endorphin Edge est ultra-rapide et fun à courir, avec un excellent amorti, mais sa semelle PWRTRAC accroche un peu moins bien sur le mouillé et sa stabilité n’est pas son point fort (très étroite, attention aux chevilles). Elle est moins chère (~200€). Une alternative intéressante si vous cherchez une sensation proche des chaussures route Endorphin.
- Salomon Pulsar Trail Pro 2 : Vue dans la comparaison, elle offre une approche sans carbone mais avec plaque TPU. Très légère (~260 g), agile et précise, c’est l’outil des terrains techniques roulants. Moins amortie et explosive que l’Ultrafly, mais redoutable en montagne rapide. Et son prix est bien placé (~180€).
- The North Face Flight Vectiv / Vectiv Pro : TNF a été un des premiers avec une plaque carbone trail (la gamme Vectiv). La Flight Vectiv (2021) et plus récemment la Vectiv Pro (2023) sont conçues pour l’ultra-trail avec carbone. Amorti correct (mousse TPU) mais pas au niveau du ZoomX, plaque rigide, drop 6 mm. Elles se comportent un peu comme l’Ultrafly : très efficaces sur le roulant, plus délicates sur le technique. La Vectiv Pro est plus amortie et confortable que la Flight. Si vous êtes fan de TNF, ces modèles peuvent jouer un rôle similaire, mais l’Ultrafly garde l’avantage de la mousse ZoomX plus aboutie.
- Autres : On pourrait citer l’Adidas Terrex Agravic Ultra (plaque carbone partielle, mais chaussure lourde orientée ultra engagé), ou la Brooks Catamount 2 (plaque carbone/nylon, amorti DNA Flash, bonne polyvalence), qui sont également des alternatives dans le haut de gamme trail innovant. Chaque marque propose désormais sa « super shoe » trail, avec des variations.
En conclusion, la Nike ZoomX Ultrafly Trail est une formidable chaussure de trail rapide qui concrétise l’arrivée des plaques carbone sur nos sentiers. Elle conviendra particulièrement aux traileurs en quête de vitesse sur des courses longues pas trop techniques, prêts à investir dans la technologie pour grappiller de précieuses minutes et gagner en confort. Innovante et performante, elle s’impose déjà comme une référence sur son créneau, aux côtés des Hoka Tecton X, Saucony Endorphin Edge et autres Salomon Pulsar Pro. Cependant, elle n’échappe pas à la règle d’or du trail : “à chaque terrain sa chaussure”. Prenez donc en compte votre pratique, vos terrains de jeu et votre profil de coureur avant de craquer pour l’Ultrafly Trail. Si toutes les étoiles sont alignées, elle pourrait bien devenir votre arme secrète pour pulvériser vos records sur les trails rapides ! Dans le cas contraire, les alternatives ne manquent pas pour trouver chaussure à votre pied. Quel que soit votre choix, l’important reste de se faire plaisir en montagne – et sur ce point, l’arrivée de ces nouvelles chaussures high-tech ajoute sans conteste une dose d’enthousiasme et de curiosité dans le petit monde du trail running. Bon run ! 🏃♂️🏔️
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